Pénurie de main d’œuvre dans la construction : quelles solutions ?

Travailleurs du BTP sur chantier

Dans un secteur de la construction déjà fortement marqué par la hausse des prix, le défi n’est pourtant pas de remplir son carnet de commandes. La pénurie de main-d’œuvre, si elle n’est pas étrangère à de nombreuses industries, impacte particulièrement les entreprises du bâtiment. Le secteur n’a désormais d’autre choix que de s’armer pour y faire face. 

Un recrutement à long terme 

Cadre ou ouvrier, le secteur de la construction compte de nombreux postes à pourvoir. En France, la hausse des effectifs devrait au moins se poursuivre jusqu’en 2030, selon le rapport de l’organisme France Stratégie et la Dares.  Le marché du bâtiment et des travaux publics (BTP) devrait voir son cahier de commandes être boosté par l’expansion des chantiers de rénovations énergétiques et la transition bas carbone, profitant particulièrement aux ouvriers qualifiés du second œuvre (plombiers, menuisiers, électriciens, peintres en bâtiment…). 

Une pénurie qui se confirme 

Le BTP reste donc l’un des secteurs offrant le plus de postes vacants. Pourtant, face à la demande croissante, les candidats manquent. Or les difficultés de recrutement ne sont pas nouvelles pour l’industrie. En 2005 déjà, une enquête menée par le CRÉDOC était sans appel : le Bâtiment peine à attirer la main-d’œuvre. Son image est particulièrement à redorer auprès des jeunes, qui le considèrent comme l’un des secteurs les moins attractifs. Face à ces constats, le temps est à l’action.  

Quelles pistes pour attirer les talents dans le secteur du BTP ? 

Il est donc grand temps d’attirer les jeunes vers les professions du bâtiment. Les emplois sont promis à une belle croissance tout au long de la prochaine décennie, alors comment attirer ces jeunes talents prometteurs ? Plusieurs pistes sont à envisager et à combiner. 

1. Former 

L’importance d’investir dans la formation n’a jamais été aussi criante. Elle s’explique tant par la difficulté de recruter que par l’accélération de l’innovation dans le secteur du bâtiment. Nouveaux modes constructifs, nouvelles technologies telles que le BIM, le lean management… l’avenir est à l’innovation.  

Il s’agit tout d’abord de redéfinir un paysage de formation adapté aux attentes des jeunes et aux nouvelles réalités du BTP. 8 jeunes apprentis sur 10 expriment leur souhait d’être des ambassadeurs de l’innovation et des acteurs de la transition vers une société plus durable.  

Au sein des entreprises, former son personnel est également synonyme d’engagement à long terme, et susceptible de jouer un rôle important dans la rétention des talents. En effet, limiter le taux de turn-over est l’une des premières étapes pour faire face à la pénurie.   

Enfin, la formation continue du personnel permet d’éviter toute fracture numérique ou technologique entre jeunes et moins jeunes. Si l’usage d’une tablette va de soi pour les dernières générations, il convient d’accompagner chaque travailleur dans l’appropriation de ces outils nouveaux.  

2. Innover… et le faire savoir 

Pour améliorer l’image du secteur du bâtiment, pas besoin d’y aller par quatre chemins : il faut innover, et le faire savoir. Les jeunes recherchent la modernité, la nouveauté et le progrès. Or ils sont encore nombreux à réduire le secteur de la construction au métier de maçon, travaillant avec des outils vétustes.  

La majorité de la population ignore que les entreprises du bâtiment ont désormais recours aux nouvelles technologies, telles que l’impression 3D, la réalité virtuelle, le BIM ou encore les exosquelettes. Il y a donc un véritable travail de communication à mener. L’innovation est désormais un argument majeur dans l’attraction de talents, dont il est temps de tirer parti.  

Outre les initiatives des entreprises elles-mêmes, de nombreuses campagnes sont aujourd’hui menées avec l’objectif de déconstruire les stéréotypes qui pèsent encore sur le secteur. Fédérations, opérateurs publics, entreprises et autres partenaires doivent travailler de concert afin de dépoussiérer durablement l’image de l’industrie du bâtiment et des travaux publics. 

3. Développer le hors site 

Les nouvelles technologies ouvrent de nouveaux horizons pour le secteur de la construction. Préfabriqué, construction modulaire… il est désormais possible de relocaliser une partie du processus de construction.  

Or, le travail en usine ou en atelier propose généralement de meilleures conditions de travail, plus susceptibles d’attirer les jeunes, et notamment les femmes. En outre, la conception hors site se prête davantage à l’intégration des innovations telles que la robotique ou le BIM. 

4. Faciliter l’accès à la profession 

Faire face à la pénurie de main d’œuvre est également une question politique. Les aides à l’embauche sont l’un des leviers facilitant le recrutement de nouveaux talents. 

Les actions locales ont également un rôle à jouer, afin de faire connaître la profession et les formations qui y mènent. 

Les fédérations sont également des acteurs majeurs. En France, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) collabore régulièrement avec les instances publiques afin de faciliter l’accès et de valoriser la profession. En 2021, un accord avec Pôle emploi avait été signé en ce sens. 

5. Miser sur la QVT 

Lorsque l’on pense à attirer des talents, l’une des réponses classiques est de rendre le salaire plus attractif. Cependant, avec l’inflation et les indexations automatiques, le coût salarial peut vite devenir un défi pour les entreprises. 

Il existe pourtant d’autres leviers à activer, notamment l’amélioration de la QVT, ou « Qualité de Vie au Travail ». Dans le secteur du bâtiment, cela se traduit notamment par des investissements continus dans l’amélioration de la sécurité des travailleurs. 

Fournir un cadre de travail adapté contribue également à une meilleure qualité de vie au travail. Pour les ouvriers, cela peut se traduire par la mise à disposition d’outils performants, en bon état de fonctionnement et adaptés à la tâche à effectuer. 

Un meilleur équilibre entre vie professionnelle et privée peut également être favorisé par un meilleur suivi des heures travaillées, des pauses réglementaires ou encore des itinéraires empruntés. Optimiser les trajets ou le temps de travail dédié à l’administratif sont d’autres pistes qui permettent de gagner de précieuses minutes et de gagner en confort au quotidien. 

Attirer les talents, une stratégie globale 

Moderniser l’image du BTP ne peut se faire en un jour. Mais ce travail de longue haleine sera d’autant plus impactant s’il est mené sur plusieurs fronts. 
 
En effet, améliorer la Qualité de Vie au Travail et communiquer sur l’innovation ne sont pas des actions exclusives. Ce n’est qu’en dévoilant toutes ses cartes que le secteur du BTP sera capable de dépoussiérer son image —ce qu’il mérite amplement— et d’attirer durablement de nouveaux talents. 

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