Gestion des astreintes : les bonnes pratiques à adopter

Gestion des périodes d'astreintes - Traxxeo

Les périodes d’astreintes permettent à une entreprise d’assurer la disponibilité de son personnel, en cas de situation urgente et/ou imprévue. Une bonne gestion des astreintes permet d’assurer une excellente réactivité, tout en respectant les droits des travailleurs. 

Comment mettre en place des périodes d’astreinte ? Comment les rémunérer ? Quels sont mes droits et devoirs en tant que salarié soumis à une astreinte ? Faisons le point ensemble.

Qu’est-ce qu’une astreinte ?

Définition d’une période d’astreinte

Une astreinte est une période durant laquelle un salarié est tenu de rester à disposition de son employeur, afin de pouvoir intervenir rapidement. L’employé n’a aucune obligation de rester sur son lieu de travail habituel, mais il doit pouvoir se rendre sur celui-ci dans un délai raisonnable.

Le recours aux astreintes est particulièrement courant dans le secteur de la maintenance et des interventions, requérant une grande réactivité.

Les périodes d’astreintes sont soumises à de nombreuses régulations, afin de respecter les droits des travailleurs. Des compensations doivent notamment être prévues, en termes de rémunération et/ou de repos compensatoire.

Astreinte : que dit le code du travail ?

En France, le code du travail (Article L3121-9) définit les astreintes comme une période durant laquelle le salarié, sans être à disposition immédiate de l’employeur, doit être en mesure d’intervenir rapidement pour l’entreprise.

Si la période d’astreinte en elle-même n’est pas considérée comme du travail effectif, la durée de l’intervention, si elle a lieu, est bien considérée comme telle.

Le code du travail français fixe plusieurs règles concernant les astreintes, notamment :

  • Le salarié doit être informé préalablement de la période d’astreinte et de ses modalités, et dans un délai raisonnable.
  • En l’absence de délai spécifique prévu par la convention ou l’accord d’entreprise, l’employeur doit informer le salarié au moins 15 jours à l’avance (sauf circonstances dûment exceptionnelles).
  • Le temps passé en intervention est considéré comme du temps de travail effectif.
  • Toute période d’astreinte doit faire l’object d’une compensation, qu’elle soit sous forme d’une indemnité financière ou d’un repos compensatoire. 
  • Les périodes d’astreintes doivent respecter la durée maximale légale de travail et les périodes de repos obligatoires.

Les enjeux de la gestion des astreintes

La gestion des astreintes présente des enjeux importants pour les travailleurs, les entreprises et leurs clients. Pour les travailleurs, les astreintes peuvent être source de stress et perturber l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

Pour les entreprises, une mauvaise gestion des astreintes peut entraîner des coûts élevés, une perte de productivité et une baisse de la satisfaction des clients. Enfin, pour les clients, une interruption de service peut avoir des conséquences néfastes sur leur propre activité.

Gérer les périodes d’astreinte : comment s’y prendre ?

Les règles à suivre pour la mise en place d’une astreinte

La mise en place de période d’astreinte doit respecter certaines règles :

  1. Informer les salariés concernés sur les modalités de l’astreinte et obtenir leur accord préalable par écrit.
  2. Prévoir un système de rotation des astreintes entre les salariés pour respecter les règles de durée maximale du travail et de repos quotidien et hebdomadaire.
  3. Prévoir une compensation pour le temps d’astreinte, qui peut prendre la forme d’une indemnité ou d’un repos compensateur.
  4. Se conformer aux dispositions de la convention collective applicable à l’entreprise ou de l’accord collectif conclu entre l’employeur et les représentants du personnel.
  5. Faire preuve d’équité et d’écoute. Outre les règles dûment fixées, il convient de toujours veiller à respecter l’équilibre vie privée/vie professionnelle de chacun.

Qui fixe les conditions d’astreinte ?

Les conditions régulant les astreintes doivent être fixées préalablement. Elles sont généralement établies par dispositions conventionnelles: Convention collective, accord collectif, accord de branche, d’entreprise ou d’établissement applicables en droit du travail.

Le cas échéant, elles peuvent également être fixée par l’employeur lui-même, en concertation avec le comité social et économique (CSE) et avec information obligatoire auprès de l’inspection du travail.

Ainsi, les droits et obligation de l’employé et de l’employeur en matière d’astreintes doivent être clairement établis au préalable. Si un contract de travail peut faire mention de l’astreinte, il ne suffit pas à lui seul à faire imposer une période d’astreinte au salarié.

Pour en connaître d’avantage sur les règles régissant les périodes d’astreinte dans son entreprise, le salarié peut se tourner vers la convention collective applicable à l’entreprise, ou vers l’accord collectif conclu entre l’employeur et les représentants du personnel.

Les bonnes pratiques de gestion des astreintes

Pour une gestion efficace et équitable des astreintes, il est également important de prendre en compte plusieurs critères, tels que :

  • La définition précise des missions et des responsabilités de chaque travailleur en astreinte, ainsi que des modalités de contact en cas d’urgence.
  • La mise en place d’un système de rotation pour garantir une répartition équitable des astreintes entre les travailleurs, ainsi que la prise en compte des contraintes personnelles de chacun (ex: garde d’enfants).
  • La fourniture d’un matériel adéquat (téléphone portable, ordinateur portable, etc.) pour permettre aux travailleurs en astreinte de répondre rapidement aux sollicitations.
  • La mise en place d’une rémunération et d’une compensation appropriées pour les travailleurs en astreinte, conformément à la réglementation en vigueur.
  • La mise en place d’un système de suivi et d’évaluation de la gestion des astreintes pour permettre une amélioration continue de la pratique.

Les erreurs courantes à éviter dans la gestion des astreintes

La gestion des astreintes doit respecter certaines réglementations, et certaines pratiques émanant du bon sens, et du respect de l’équilibre vie privée/vie professionnelle du salarié. Se soustraire à ces règles et conseils comporte des risques : 

  1. Ne pas respecter les règles de durée maximale du travail et de repos quotidien et hebdomadaire peut conduire à des sanctions pour l’employeur et mettre en danger la santé et la sécurité des salariés.
  2. Ne pas prévoir de compensation pour le temps d’astreinte peut être source de conflits et de mécontentement chez les salariés.
  3. Ne pas informer les salariés concernés sur les modalités de l’astreinte et ne pas obtenir leur accord préalable par écrit peut être considéré comme une atteinte au droit des salariés.
  4. Ne pas se conformer aux dispositions de la convention collective applicable à l’entreprise ou de l’accord collectif conclu entre l’employeur et les représentants du personnel peut exposer l’employeur à des litiges et des sanctions.

Salariés : les questions fréquentes sur les astreintes

1. Est-ce que les astreintes sont obligatoires ?

Les astreintes ne sont pas obligatoires mais peuvent être imposées aux salariés, selon les conditions prévues par la loi et la convention collective de l’employé (ou l’accord collectif le cas échéant).

Les périodes d’intervention sont considérées comme du temps de travail effectif et doivent être rémunérées comme telles. Les employeurs doivent également respecter des temps de repos minimums entre deux astreintes. 

2. Peut-on être d’astreinte tous les jours ?

En France, aucun travailleur ne peut être d’astreinte tous les jours. Les périodes astreintes sont en effet soumises à différentes régulations limitant leur durée et leur régularité.

Par exemple :

  • La durée totale d’astreinte pour 15 jours ne peut dépasser 72h (pour les services de prélèvement et de transplantation d’organes, la limite monte à 120h).
  • Un même salarié  ne peut être d’astreinte plus de 1 samedi, 1 dimanche et 1 jour férié par mois.
  • Les périodes d’astreintes sont limitées à 21 par mois, dimanche compris et hors jours fériés.

De manière générale, les périodes d’astreinte doivent respecter les durées maximales de travail autorisées et les périodes de repos obligatoires. 

Il est également primordial d’assurer une rotation efficace et équitable des astreintes et de respecter des périodes de repos suffisantes, sous peine d’entrainer une fatigue excessive et de mettre en danger la sécurité et la santé des salariés.

3. Je suis en astreinte. Ai-je droit à une prime ?

Lors des périodes d’astreinte, les salariés ont droit à une compensation, appelée prime d’astreinte, qui peut être financière ou sous forme de jours de repos supplémentaires. Cette indemnité peut être calculée en fonction des heures effectuées sur la base d’un pourcentage du salaire horaire ou d’une indemnité forfaitaire.

Les salariés doivent recevoir un document mensuel indiquant le nombre d’heures d’astreinte et la compensation reçue. Comme toute rémunération, les primes d’astreinte sont soumises aux cotisations sociales et à l’impôt sur le revenu.

4. Quelle est la rémunération pour une astreinte ? 

La rémunération pour une astreinte dépend de la législation en vigueur dans chaque pays et de la convention collective applicable. En France, par exemple, le code du travail prévoit que les salariés en astreinte doivent être rémunérés au minimum à hauteur de 10% de leur salaire de base.

Cependant, la convention collective peut prévoir des dispositions plus favorables, telles que des taux de majoration plus élevés ou des compensations sous forme de temps de repos. Il est donc important de se référer à la législation et aux accords collectifs applicables pour déterminer la rémunération exacte pour une astreinte.

Employeurs : comment mettre en place un système d’astreinte efficace ?

Pour les employeurs, la mise en place d’une organisation d’astreinte efficace peut être un défi. Cependant, il existe deux étapes importantes pour y parvenir.

Comment gérer les plannings d’astreintes ?

Tout d’abord, il est essentiel de gérer la planification des astreintes. Cela implique de déterminer le nombre d’employés nécessaires pour couvrir les périodes d’astreinte, ainsi que les compétences requises pour répondre aux situations d’urgence.

Il est également important de mettre en place un calendrier de rotation des astreintes pour éviter la fatigue excessive des employés, et respecter la législation régissant les périodes d’astreintes. 

Une fois les astreintes planifiées, il convient de communiquer leur planification individuelle aux salariés, en respectant les délais prescrits (minimum 15 jours de manière générale).

Comment gérer le suivi des astreintes ?

 Ensuite, il est important de gérer le suivi des astreintes. Cela implique de mettre en place un système de suivi des temps de travail efficace pour permettre aux employés d’être rémunéré de manière juste pour les heures d’astreintes planifiées ou effectives. 

Qu’ils aient été amenés à intervenir ou non, les employés sous astreinte ont droit à une rémunération supérieure. S’ils ont été amenés à intervenir, ils doivent alors recevoir une prime encore supérieure. 

Qui a été planifié en astreinte, qui a dû intervenir et pendant combien de temps ? Un processus de suivi des temps solide est indispensable pour garantir une paie juste pour tous.

Comment comptabiliser les astreintes ?

En France, l’astreinte n’est pas considérée comme un temps de travail effectif. Cependant, ce n’est pas tout à fait un temps de repos non plus : si le salarié peut vaquer à ces propres occupations pendant la période d’astreinte, il doit néanmoins rester joignable à tout moment. Pour des raisons pratiques évidentes, il doit également rester à proximité du lieu d’intervention.

Si le salarié est amené à intervenir, son temps d’intervention doit être comptabilisé. Ce temps est alors perçu comme du temps de travail effectif et doit être rémunéré en fonction. 

Si l’employé dépasse son quota d’heures normales suite à cette intervention, le temps supplémentaire doit être rémunéré de la même manière que des heures supplémentaires.

Les outils pour simplifier la gestion des astreintes

Une bonne gestion des astreintes demande à la fois :

  • Une excellente visibilité sur la planification des équipes : qui est disponible à quelle période ? Qui possède quelle(s) compétence(s) ? Qui a déjà été planifié en astreinte récemment ?
  • Un suivi rigoureux des heures travaillées : qui a été amené à intervenir ?

Ces éléments sont indispensables pour garantir à la fois les droits des travailleurs et une rémunération juste. 

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La bonne gestion des astreintes, une question stratégique pour l’employeur

Si la gestion des astreintes peut s’avérer complexe, le respect des bonnes pratiques est primordial pour assurer à la fois un excellent service et le respect des droits des travailleurs.

Outre les législations en vigueur, il s’agit également de faire preuve de bon sens et d’équité. Une bonne planification implique notamment d’avoir une vue claire sur les disponibilités de chacun et les astreintes déjà travaillées, afin d’assurer une rotation des équipes.

Il s’agit autant de garantir la satisfaction client que de préserver sa marque employeur, dans un contexte de recrutement parfois tendu. 

Dans le cas spécifique du BTP (Bâtiment et Travaux Publics) et de la maintenance, disposer d’outils de planification et de suivi des temps adaptés est également essentiel pour assurer une visibilité suffisante sur les heures travaillées et les périodes d’astreintes à venir.

Les entreprises qui réussissent à gérer efficacement leurs astreintes peuvent ainsi éviter les risques, améliorer leur réactivité et renforcer leur image de marque en tant qu’employeur respectueux des droits de ses travailleurs.

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